La conclusion présente une synthèse des résultats de la recherche-action du Labo Climat, ainsi que nos recommandations. Les résultats sont organisés en trois parties. D’abord, nous présentons les résultats sur les trois sous-objectifs de départ du Labo Climat, c’est-à-dire de faciliter la coordination des acteurs, la clarification des choix d’adaptation aux changements climatiques et l’identification d’expertises manquantes. Ensuite, nous offrons une synthèse des contraintes et pistes de solutions ressorties au fil de la démarche. Enfin, nous terminons avec nos recommandations pour relever des défis de l’adaptation et intégrer plus formellement l’adaptation aux changements climatiques dans le processus de projet urbain.
L’analyse des données nous permet de dresser certains constats sur l’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans le processus de projet urbain à Montréal, observé plus en profondeur avec le cas du réaménagement du secteur Lachine-Est. Sur le plan de la coordination entre les acteurs, nous remarquons plusieurs collaborations interservices ainsi qu’une coordination entre Ville et arrondissements qui va en s’accroissant avec le Bureau de projet partagé.
Par contre, ces deux types de liens, qui nous semblent cruciaux pour l’adaptation, dépendent d’un nombre limité d’individus et font face à des contraintes liées au processus de projet urbain, notamment un partage complexe des responsabilités et certains changements dans l’équipe au fil du projet, ainsi que et le manque de ressources pour certaines études d’autres services. De plus, notre analyse montre des apprentissages et ajustements mutuels entre différentes cultures de planification entre la Ville et l’arrondissement, mais un manque de précision sur la stratégie d’encadrement du développement urbain, point sur lequel nous revenons dans nos recommandations. Finalement, le peu de relations avec les acteurs institutionnels externes, surtout en ce qui a trait au transport collectif, semble nuire à la prise en compte, en amont, de l’adaptation aux changements climatiques. Les communications semblent par contre s’être accrues depuis la mise en place du Bureau de projet partagé.
Le Labo Climat souhaitait aussi contribuer à clarifier le fait que l’adaptation aux changements climatiques implique des choix et des arbitrages – les décisions quant aux mesures à prioriser ne sont ni neutres ni d’ordre uniquement technique. Ainsi, les préoccupations du milieu pour le secteur Lachine-Est, exprimées lors des consultations publiques, ont été synthétisées et mises en relation avec la littérature scientifique sur l’action climatique, et les défis relevés dans les pratiques de planification. Plusieurs acteurs du milieu local souhaitent que le secteur Lachine-Est devienne un modèle d’écoquartier (propositions synthétisées dans le chapitre 2 de la partie 2). Les normes précises définissant l’exemplarité de l’écoquartier, et les modalités de leur mise en oeuvre, restent par contre à être précisées.
Sur le plan de l’expertise, nous constatons que les expertises en matière d’adaptation aux vagues de chaleur et de lutte aux îlots de chaleur sont peu sollicitées au sein du processus de planification. Notre séquence d’atelier a suscité des discussions sur cet enjeu et a fait ressortir des expertises présentes à la Ville de Montréal et dans la société civile, notamment sur les pratiques de verdissement et les caractéristiques biologiques à privilégier afin d’optimiser la capacité des aménagements végétalisés à réduire les îlots de chaleur.
Toutefois, la dimension sociale des vulnérabilités aux vagues de chaleur reste absente de la démarche, outre les apports du Labo Climat. Par contraste, l’expertise sur l’adaptation de la Ville à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements de pluie extrême est présente et sollicitée dans la planification de Lachine-Est. Nous identifions plutôt les défis pour prendre en compte cette expertise et la transférer dans les pratiques et les étapes obligées d’un projet urbain. Il demeure notamment des défis au niveau de la prise en compte de la topographie. De plus, les enjeux de segmentation de la régulation des eaux pluviales entre le domaine public et le domaine privé, ainsi que la gouvernance fragmentée des infrastructures vertes, soulevés dans un chapitre dédié à ces questions, semblent être des freins importants dans le développement d’une gestion des eaux pluviales en surface et bien intégrée aux aménagements urbains.
La conclusion présente ensuite une synthèse des contraintes et leviers des acteurs ressortis au fil de la démarche. Finalement, le Labo Climat émet 4 recommandations pour intégrer l’adaptation plus explicitement et formellement dans le processus balisé de projet urbain à la ville de Montréal. Ces propositions s’inscrivent dans l’ambition de la ville de Montréal de mettre en place un test climat et d’arrimer ses objectifs en matière d’action climatique avec la planification urbaine.
- Intégrer le climat dans l’évaluation collective de la pertinence du projet et de ses contraintes, à l’étape de justification
- Inclure le climat au moment de délibération sur différentes hypothèses d’aménagement
- Préciser la contribution des mesures d’encadrement du domaine privé en adaptation, notamment dans des modalités réglementaires annoncées au Programme particulier d’urbanisme
- S’assurer de la performance, de l’appropriation et de la résilience des infrastructures vertes.
Quatre autres recommandations du Labo Climat portent sur des défis à relever pour l’adaptation aux changements climatiques à Montréal, qui dépassent les frontières de ce processus balisé de gestion de projet urbain.
- Mettre en place une stratégie d’adaptation aux vagues de chaleur pour le réaménagement des friches industrielles et leurs abords
- Mobiliser les acteurs institutionnels externes pour l’adaptation
- Pérenniser les collaborations interservices et les apprentissages dans la structure institutionnelle
- Améliorer la gouvernance fragmentée des infrastructures vertes.